jeudi 10 février 2011

Au sujet des maladies dites « professionnelles »

Il pourra paraître saugrenu à plus d’un que l’on puisse évoquer l’apparition de maladies professionnelles chez un employé de banque, et pourtant…
J’ai travaillé dans la même banque pendant plus de 40 ans, pendant lesquels j’ai vu au fil du temps les conditions de travail se dégrader, tant sur le plan de l’ergonomie que sur l’environnement psychologique ou matériel.
Sans vouloir faire aucun procès à quiconque force est de constater que le seul but a bien toujours été de dégager des bénéfices au détriment bien souvent, des clients et des employés, les seuls intérêts à avoir été privilégiés étant bien ceux des actionnaires.
C’est normal pourra t-on penser, une banque n’étant pas une entreprise philanthropique bien qu’à l’origine certains véritables banquiers aient parfaitement joué leur rôle de moteur dans les systèmes économiques et n’hésitaient pas à prendre des risques calculés. Mais cette époque est bien révolue et depuis longtemps.

Lorsque les premiers systèmes informatiques individuels ont vu le jour, les guichets et les bureaux n’étaient pas adaptés et il a fallu de nombreuses années avant que ceux qui décidaient des mobiliers envisagent les évolutions adéquates (du moins pour la plus grande "masse" des employés).
C’est ainsi que les bureaux à angle droit supportant les machines à écrire utilisés auparavant par les secrétaires ont été récupérés pour servir de bureaux et supporter les ordinateurs.
Il est facile d’imaginer à quel point ces meubles étaient inadaptés, tant au niveau de la hauteur du plan de travail qu’au niveau ergonomique.
D’autres mobiliers constitués de banales tables avec blocs tiroirs sur roulettes l’étaient tout autant et l’on ne comptait plus le nombre de blessures aux genoux du fait que les blocs tiroirs n’étaient pas fixes.
Ces meubles ont continué d’être utilisés pendant 25 ans, générant de nombreux mal de dos et des inconforts permanents.
Le summum en matière de désintérêt total pour le confort ergonomique de ses employés arriva il y a quelques années lorsque la banque fut rachetée par un grand groupe bancaire anglais.
Malgré un parc immobilier impressionnant, cette banque nouvelle n’eut de cesse d’effectuer des regroupements de services sous forme de plateaux « back office » très pratiques pour contrôler les groupes et les individus (par exemple 100 personnes par plateau, 1 plateau par étage, immeuble disposant de 4 étages = 400 employés parqués dans le même bâtiment).
La stratégie est allée jusqu’à éliminer :
 toute cloison faisant obstacle au contrôle visuel, ce qui générait un brouhaha permanent
 tout meuble supérieur à 1.20 m / 1.30 m de hauteur, ce qui entraînait des accès aux dossiers obligeant forcément à se baisser.
Outre ces inconforts supplémentaires créés dans le seul souci d’une surveillance accrue du personnel, il fut aussi décidé que la longueur de bureau allouée à chaque employé serait ramenée de 3 m à 2 m. Faut-il aussi préciser que ces bureaux (le terme de table serait d’ailleurs plus approprié) étaient totalement inadaptés à un travail sur écran, entraînant des maux de dos récurrents, alors que la banque avait les moyens matériels et financiers de fournir une meilleure ergonomie.

Inutile de se demander pourquoi l’absentéisme monta en flèche, comme dans bien d’autres entreprises où le confort du personnel est totalement ignoré et où seuls comptent les ratios de rentabilité et la valeur de l’action.

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